Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui êtes-vous, José Mª Carrau ?

Je suis architecte et je travaille pour l’Association Nationale Espagnole des Fabricants de Béton Préparé (ANEFHOP) depuis 1987. Anefhop a une structure décentralisée et mon champ d’action couvre Castilla La Mancha, la Communauté Valencienne et la Région de Murcie.

Vous êtes dans le secteur depuis de nombreuses années, quelle a été son évolution depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui ? Quelles sont les différences les plus visibles ?

À vrai dire, il s’agit d’un secteur très dynamique dans le sens où, depuis que je travaille pour l’Anefhop, pas mal d’entreprises ont disparu mais beaucoup de nouvelles ont également été créées. Il faut tenir compte du fait qu’en raison des caractéristiques du produit, les usines de production ont un rayon d’approvisionnement limité et, de ce fait, on voit continuellement apparaître de nouvelles initiatives commerciales qui cherchent à trouver des « niches » de marché potentielles considérées comme non suffisamment approvisionnées ; les cycles successifs de croissance ou de décroissance du secteur de la construction ont également une influence notable sur cette dynamique. Il se peut que cette caractéristique de concurrence intense soit l’une de celles qui caractérisent le secteur.

En termes d’évolution, il convient de noter que, depuis sa création dans les années 1960, l’industrie du béton prêt à l’emploi s’est toujours démarquée grâce à son développement continu sur les plans techniques et technologiques. Depuis l’évolution des performances des installations de fabrication elles-mêmes jusqu’aux matières premières, sans oublier le développement notable des additifs qui ont permis de doter les bétons actuels de nouvelles propriétés qui n’étaient même pas envisagées il y a des années.

Le béton est un produit qui a une énorme responsabilité, puisque les infrastructures et les logements construits sont utilisées par des personnes, considérez-vous que cette responsabilité est couverte à 100% par la législation actuelle ?

La construction de structures en béton en Espagne a toujours été réglementée par des réglementations exigeantes garantissant la sécurité structurelle. Le niveau de connaissances de nombreux techniciens espagnols (tels que Eduardo Torroja, Alvaro García Meseguer, José Calavera Ruiz, Manuel Fernández Cánovas, Bernardo Perepérez Ventura,…) y a contribué, et l’université, l’entreprise et d’autres institutions ont collaboré avec l’Administration dans l’élaboration des règlements techniques pour le projet, le calcul et l’exécution des structures en béton ; Le niveau de préparation de nombreux techniciens des différentes administrations publiques a également eu une influence notable.

Parlons de l’Anefhop : que retiendriez-vous de votre travail pour l’association au cours de votre carrière ?

Si je dois être honnête, lorsque j’ai commencé à travailler à l’Association, je pensais que j’y serais pour quelques années mais que j’exercerai à nouveau en tant que professionnel libéral de l’architecture ; cependant, le travail que, nous, les délégués de l’association, développons, est si intense et varié qu’il a fini par me captiver grâce au niveau de créativité qu’il implique.

Il faut tenir compte du fait que l’organisation de cette Association est totalement perméable, de sorte que ce sont les entreprises associées qui fixent les objectifs successifs de notre travail et cela signifie que nous avons la satisfaction de constater que le résultat de notre action en tant que délégués se traduise par des actions utiles pour le secteur.

On parle dans le secteur d’une « fièvre verte », de ciments et bétons écologiques, est-ce une tendance ou un effet de mode ?

Je pense que parler de ces questions comme d’une tendance ou d’une mode revient à banaliser les problèmes auxquels nous devons nécessairement répondre et, en même temps, je ne pense pas non plus qu’il faille tomber dans des dérives pessimistes.

Le secteur est, par nature, très sensible à ces questions et il suffirait de comparer les photos des installations des années 1980 avec celles d’aujourd’hui. Les avancées qui se sont produites ont été motivées par l’intérêt des entreprises et aussi par les exigences imposées par l’évolution réglementaire des administrations régionales sur ces questions.

La fabrication du béton préparé est réalisée à partir de l’approvisionnement en matières premières, presque toujours à proximité des usines à béton, en procédant à la fabrication du béton sur demande, à savoir : la quantité exacte et au moment requis par le client. Il s’agit donc d’une activité qui s’exerce strictement quand, où et uniquement pour la quantité nécessaire. Ensuite, le produit fabriqué est transporté en veillant à utiliser le minimum de ressources nécessaires.

Nous partons donc d’une activité potentiellement durable et le secteur met actuellement en œuvre des améliorations dans les matières premières, les procédés, le traitement et la réutilisation des déchets afin d’atteindre la « circularité » de notre activité ; répondant ainsi aux préoccupations sociales de notre époque.

L’un des grands paris a été la création du Label « Béton Expert » en tant que signe d’excellence et de qualité des produits. Que pouvez-vous nous en dire ?

Depuis sa création, l’ANEFHOP a toujours exigé des entreprises associées qu’elles respectent les règles et réglementations qui touchent l’activité de fabrication de béton prêt à l’emploi, en effectuant des inspections pour vérifier et en encourager leur respect. En 2009, le Conseil d’Administration de l’Association a favorisé la création d’une distinction particulière qui couvrirait les trois champs d’action qui régissent notre activité : LA QUALITÉ, LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS ET L’ENVIRONNEMENT. Pour cela, les Comités techniques thématiques respectifs de l’association (composés de techniciens des entreprises et de délégués de l’association) ont préparé trois listes de contrôle ambitieuses pour vérifier le respect de tous les aspects que les usines devaient respecter pour être dignes du Label BÉTON EXPERT.

Sur la base de ce travail, on a commencé à inspecter toutes les usines de fabrication des entreprises associées, en indiquant à chacune d’entre elles les améliorations qu’elles devaient mettre en œuvre pour être dignes de ce label.

Depuis l’année 2021, l’Association a décidé de rendre le Label BÉTON EXPERT obligatoire pour toutes les usines associées à l’ANEFHOP, en exigeant à toute entreprise souhaitant s’inscrire auprès de l’Association de respecter ces conditions.

Il s’agit sans aucun doute d’un travail acharné dans lequel certaines réticences initiales ont dû être surmontées, mais qui a été récompensé car on constate que les entreprises associées se sont concentrées sur l’amélioration de leurs installations et de leurs processus pour obtenir l’image d’un secteur hautement professionnel.

Depuis que vous faites partie de la structure de l’ANEFHOP, quelles ont été les avancées les plus notables du secteur de la production de ciment en matière de durabilité environnementale ?

Les producteurs de ciment se sont toujours montrés à l’avant-garde des initiatives s’agissant d’assurer la durabilité de leur produit et ce quels que soient les efforts techniques et technologiques à fournir. Les objectifs périodiques successifs qui ont été fixés en sont la preuve : de la décennie 1990 à 2020, en passant par la décennie actuelle de 2020 à 2030, jusqu’à atteindre en 2050 l’objectif de neutralité climatique dans la fabrication du ciment.

Cela nous conduira à utiliser d’autres types de ciment dans la fabrication du béton, mais grâce à cela nous pourrons atteindre le niveau zéro d’émissions de CO2 dans le béton.

L’objectif principal de l’association est de renforcer la position de leadership technique et de qualité des entreprises associées, quelles sont donc les conditions qui sont exigées aux entreprises pour faire partie de l’ANEFHOP ?

Ces deux dernières années, nous nous sommes concentrés sur le respect du Décret Royal 163/2019, qui approuve l’Instruction technique pour le contrôle de la production de béton fabriqué à l’usine (ITCPH-19).

Pour ce faire, à l’ANEFHOP, nous avons tout préparé : des questionnaires de conformité à toutes les exigences dudit DR à l’élaboration de modèles d’enregistrement et d’évaluation du contrôle de la production. En plus de tout ce travail, nous avons collaboré avec les entreprises associées pour faciliter la conformité et pouvoir nous soumettre à l’audit des organismes de contrôle accrédités par l’ENAC pour délivrer le Certificat de conformité correspondant de l’ITCPH-19.

Les entreprises associées ont démontré leur professionnalisme car aujourd’hui toutes les usines de fabrication adhérant à l’Anefhop disposent du Certificat de conformité obligatoire de l’ITCPH-19.

Pour répondre plus précisément à votre question, je peux vous confirmer que toutes les entreprises associées, en plus du certificat ITCPH-19 obligatoire, disposent du certificat BÉTON EXPERT qui garantit le respect des réglementations QUALITÉ, PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS et ENVIRONNEMENT.

Quel est selon vous le travail le plus important réalisé par l’ANEFHOP ?

Sans aucun doute, son service de point de rencontre et de transfert de connaissances entre les entreprises associées. L’une des caractéristiques de l’Association est la fusion de différentes entreprises (locales, régionales, nationales et internationales) qui, en joignant leurs efforts, font en sorte que les entreprises associées à l’Anefhop commencent à être reconnues comme un secteur professionnalisé auquel les constructeurs et les maîtres d’œuvre peuvent faire entièrement confiance.